Face aux effets déjà visibles du changement climatique en montagne, la Fédération Française de Ski (FFS) a engagé, depuis 2024, une stratégie RSO ambitieuse pour repenser sa gouvernance, ses pratiques sportives et son rôle dans l’écosystème du ski français et international. Arrivé à la fédération après une expérience marquante au sein de l’équipe Impact & Héritage de Paris 2024, Romain Riboud pilote aujourd’hui cette transformation profonde.
Entre adaptation au dérèglement climatique, formation des clubs, accompagnement des athlètes et évolution des pratiques matérielles, la FFS amorce un virage décisif.
Pour la Fédération Française de Ski, l’engagement dans la transition écologique est né d’une conviction profonde, partagée au plus haut niveau de l’organisation. « Nous sommes aux premières loges pour observer les effets du dérèglement climatique : la diminution du manteau neigeux nous impacte directement. Rien que pour ça, on s’est dit qu’il était grand temps d’agir. »
À cela s’ajoutent un contexte réglementaire exigeant : les attentes des parties prenantes (pratiquants, partenaires, institutions, grand public…), mais aussi la nécessité de répondre aux interrogations sociétales sur l’avenir du ski. « Nous devons montrer qu’une pratique du ski plus responsable est non seulement possible, mais indispensable. »
Pour construire une stratégie solide, la FFS a d’abord mené un travail de fond : analyse interne, compréhension de son écosystème national et international, et réalisation d’une analyse de double matérialité. Cette méthodologie lui a permis d’identifier les priorités les plus structurantes pour la fédération et d’élaborer 7 engagements clés, répartis en trois familles : la gouvernance, l’environnement et les enjeux sociétaux.
Cet engagement est central. La FFS travaille à anticiper la transformation des pratiques, des sites d’entraînement et du modèle des clubs, notamment ceux situés à moyenne altitude.
« Quand on tire le fil, ce sont des questions organisationnelles très profondes : comment accompagner les clubs impactés, comment préserver notre ADN des sports de neige, comment repenser les modèles d’entraînement ? »
Cet engagement vise à intégrer les enjeux RSO dans tous les processus internes : gouvernance, organisation, achats responsables, éthique.
« L’objectif est de structurer la fédération pour que la transition soit réellement transversale.»
La FFS finalise actuellement la mesure des émissions de son siège, des équipes de France (entraînements et compétitions) et des événements qu’elle organise.
Objectif : –15 % en trois ans, dans la lignée des ambitions internationales. La fédération prépare aussi une approche adaptée pour représenter l’empreinte carbone du ski fédéré (clubs, comités).
Cet engagement regroupe des initiatives telles que l’éducation des jeunes skieurs à la biodiversité, la gestion des déchets, la lutte contre les polluants…
La fédération agit à deux niveaux :
« Si ces questions ne sont pas traitées par les instances internationales, ce sera difficilement acceptable pour nos athlètes. »
La fédération avance également sur des enjeux comme la mise en conformité, au niveau local, face à l’interdiction des farts fluorés, encore présents dans certains ski-rooms, ainsi que sur la gestion des déchets de tir en biathlon.
6. Renforcer la mixité et la féminisation
La FFS actualise actuellement son plan de féminisation, avec un diagnostic approfondi. Si la pratique est relativement équilibrée, la gouvernance reste très masculine.
L’objectif : améliorer la place des femmes parmi les dirigeantes, encadrantes et responsables fédérales.
Le plan existant (datant de 2020) est en cours de mise à jour pour renforcer les dispositifs de prévention, de signalement et d’accompagnement.
« C’était le bon moment d’en faire un bilan et de porter une ambition plus élevée. »
Pour rendre ces engagements opérationnels, la FFS a défini trois niveaux d’intervention :
« On ne peut pas tout faire seuls. Il y a ce qu’on agit en direct, ce qu’on accompagne, et ce qu’on influence. »
La première phase de la stratégie a misé sur l’acculturation et la montée en compétences de l’écosystème : « On a commencé par sensibiliser et éduquer. L’an dernier, on a mené une série de webinaires avec Mountain Riders pour expliquer les enjeux du dérèglement climatique, puis les appliquer au sport, puis au ski ». Ces webinaires ont réuni près de 1000 participants.
D’autres initiatives très concrètes ont aussi été déployées :
Si les premiers outils de sensibilisation ont touché un large public, Romain Riboud est lucide : « Nous avons touché 800 à 1 000 personnes, mais nous avons 90 000 licenciés et 800 clubs. On en est au camp de base : l’ascension est encore longue. »
Pour accélérer cette dynamique territoriale, la FFS muscle son organisation interne. Mélodie Reynaud a rejoint l’équipe pour animer le réseau des clubs et comités, et accompagner les bénévoles face à des enjeux nouveaux.
L’hiver à venir sera décisif : la fédération prévoit de décliner chacun des sept engagements en outils très pratiques, adaptés au quotidien des structures :
L’objectif ? Inscrire la transition dans les gestes du quotidien, tout en gardant en tête l’importance d’avancer au bon rythme : « il faut donner les bons réflexes au bon moment : lors de la planification de la saison, du renouvellement des tenues, de l’organisation d’un stage… C’est un processus pas à pas (…) Dans la transition environnementale, il ne faut pas oublier le mot transition. Si on va trop vite, les gens se braquent. Il faut avancer avec eux. »
Vous trouverez ci-dessous plusieurs ressources en lien avec l’engagement environnemental de FFS.
Engagement :
Sensibilisation :
Gestions du matériel sportif :
Gestion des évènements sportifs locaux :
Expérience collaborative :
Ces ressources sont également disponibles sur la Plateforme Sport Durable.
