AS Pagny : là où le foot fait pousser des arbres

Au cœur de la Lorraine, dans une petite ville de 4000 habitants, l’AS Pagny a lancé une véritable révolution verte autour de son stade. Loin de se limiter à son rôle sportif, le club de football, fondé en 1938, s’est forgé au fil des ans une réputation qui dépasse largement les limites du rectangle vert. Imaginez un stade où le bruissement des crampons sur la pelouse se mêle aux chants des oiseaux, où les cris d’encouragement résonnent en harmonie avec la nature environnante. Bienvenue à “l’Écostade pédagogique” de l’AS Pagny !!

Avec plus de 530 licenciés et une armée de 70 bénévoles passionnés, l’AS Pagny cultive bien plus que des talents footballistiques. Ici, chaque ballon frappé, chaque goutte de sueur versée, chaque victoire célébrée porte en elle les graines d’un avenir plus durable. Car, à Pagny, on ne forme pas seulement des joueurs, on façonne des citoyens responsables, conscients des enjeux environnementaux et sociaux de leur époque.

Un club qui joue collectif avec la nature

L’engagement de l’AS Pagny est né d’un constat aussi simple que frappant : “80 %, voire 90 % de nos déchets sont recyclables”, décrit Joël Cavalli,  ancien co-président du club. Canettes, bouteilles, emballages… Il était temps de changer les habitudes ! Le club a donc rapidement instauré le tri des déchets, adopté des mesures pour réduire sa consommation d’énergie et banni les bouteilles plastiques. Ces premières initiatives ont marqué le début d’une véritable transformation écoresponsable.

Puis, en 2022, un verger voit le jour sur les terres du stade avec la plantation de nombreux arbres fruitiers. Mais comme souvent, un bon projet en appelle un autre. Un rucher vient alors compléter le paysage. “L’idée, c’étaient des pommiers et du miel pour offrir des goûters aux enfants”, raconte Joël Cavalli. Avec l’organisation d’ateliers d’apiculture, l’enthousiasme des plus jeunes n’a pas tardé à se faire sentir :  “Les enfants étaient fascinés. Bon, les parents un peu moins quand ils ont vu des milliers d’abeilles débarquer… mais personne n’a pris ses jambes à son cou, c’est l’essentiel !”. 

L’AS Pagny ne se contente pas de cultiver la nature, il cultive aussi les consciences ! Chaque année, joueurs, parents et bénévoles retroussent leurs manches lors de la Journée de la Terre. Un jour pendant lequel les rues de la commune sont nettoyées de fond en comble. “C’est un super moment de partage. Et ça permet de rappeler à certains que non, une cannette vide ne disparaît pas par magie une fois lancée sur l’herbe !”, s’amuse Joël Cavalli. 

S’il fallait choisir une initiative incarnant pleinement l’esprit de l’écostade, ce serait sans aucun doute la “Haie de la biodiversité”. Chaque enfant a pu financer et planter son propre arbuste pour 10 euros. Un geste simple, mais porteur de sens.  “On leur a dit : ‘Tu plantes un arbre, et dans 30 ans, il sera toujours là.’”  Un message fort, qui illustre parfaitement l’impact durable de leurs actions. Chaque arbre planté symbolise non seulement leur engagement pour l’environnement, mais aussi l’empreinte indélébile qu’ils laissent au sein du club. Ainsi, bien au-delà du geste, c’est un héritage vivant qui grandira avec eux et rappellera leur passage à l’AS Pagny. 

Un écostade primé et une fierté locale

Avec leur écostade, le club a été lauréat du programme éducatif fédéral, parmi plus de 1500 clubs ! Porté par cet élan, le club a ensuite présenté son projet au prestigieux Trophée Philippe Seguin dans la catégorie Environnement et Santé. Verdict ? Lauréat national. « On n’en revenait pas ! », se souvient Joël Cavalli, un brin ému.

Une passion qui fait la différence

L’AS Pagny doit une grande partie de son succès à son ancien co-président, Joël Cavalli, et à son engagement indéfectible. Avec le soutien du président du club, il a pu mener à bien ses initiatives :  “Mon président m’a dit dès le départ : ‘Joël, l’environnement, c’est pas mon truc.’ Mais jamais, il ne m’a freiné, au contraire. Il s’occupe des infrastructures, pendant que moi, je bosse sur l’image et les projets. C’est une complémentarité qui fonctionne.”

Un impact réel… mais un chemin encore long

Alors, ces efforts ont-ils porté leurs fruits ? “Changer les mentalités, c’est très long. Faire adhérer tout le monde, c’est un véritable défi !”, avoue Joël Cavalli.  Pourtant, les résultats sont là : en trois ans, le club est passé de 294 à 530 licenciés. “Les parents veulent du sport, mais aussi des valeurs. On n’est pas juste des coachs, on est aussi des éducateurs”.

Mais le scepticisme reste présent. Si tout le monde ne sort pas encore des réunions en rêvant d’abeilles et de biodiversité, le message fait doucement son chemin. “Il faut persévérer. Ce qu’on sème aujourd’hui, on le récoltera demain.” Et puis, les efforts du club finissent par être reconnus, même par les politiques. “Quand tu as deux labels et qu’on commence à parler de toi, les élus commencent à s’intéresser. C’est une boule de neige positive.”

Les défis : la résistance au changement et la non-écoute

Bien que l’AS Pagny ait réussi à imposer son projet, le processus n’a pas été sans difficulté. Si aucun obstacle majeur n’a entravé sa mise en œuvre, le manque d’écoute a constitué un véritable frein. Joël Cavalli se souvient : “Les gens étaient polis, mais pas intéressés. On me disait : ‘Mais qu’est-ce que tu fais ?’ Même au sein du club, au début, personne ne s’y intéressait vraiment.”

Mais les mentalités évoluent. “Depuis 2021, il y a une vraie prise de conscience. Cette transformation est devenue une fierté pour tout le club, y compris les éducateurs et les parents”. Même si des réticences se font encore sentir : “On a installé des panneaux grâce au Rotary Club, avec un message fort : ‘Bienvenue à l’AS Pagny, vous entrez dans un écostade. Ensemble, préservons l’environnement et le monde de demain.’ Ça marque les esprits. Mais est-ce que ça empêche les gens de jeter leurs papiers ? Pas toujours ! On doit encore nettoyer le stade chaque semaine. Mais c’est beaucoup mieux qu’avant.”

Et puis il y a la réalité sociale du football : “On dit que c’est le sport du pauvre. Et c’est vrai. On voit des familles en difficulté, des comportements qui dérivent. La Fédération Française de Football mène même des enquêtes pour mesurer l’évolution des tensions avec les parents. Et oui, on a de plus en plus de soucis. Certains ne veulent voir que l’aspect performance : ils rêvent que leur fils devienne le prochain Mbappé, mais pas qu’il ramasse les papiers !”.

Malgré ces défis, l’AS Pagny persiste et marque ! “Les minorités bruyantes peuvent freiner le changement, mais elles ne l’empêcheront pas. On s’accroche, on avance. Et on sait qu’on est sur la bonne voie.”

Les projets à venir : de l’insecte à la mobilité douce

Une voie sur laquelle le club entend bien parcourir encore de nombreux kilomètres, car l’avenir promet de belles aventures. Le club fourmille d’idées pour aller encore plus loin. “Un hôtel à insectes, ça, on va le faire. Ce n’est pas grand-chose, on le met dans la prairie, et hop, encore un coup de pouce à la biodiversité.”

Mais là où le club veut frapper fort, c’est sur la mobilité douce. “On a des dizaines d’enfants qui viennent au stade. Si on pouvait leur offrir un abri sécurisé pour les vélos, ce serait une énorme avancée.” Problème : ce genre d’infrastructure coûte cher, et le club manque de temps et de ressources pour monter un dossier de subvention. “Je suis sûr qu’il existe des aides, mais entre l’entraînement des petits, la gestion du club et les projets environnementaux, je ne peux pas être partout !”, confie Joël Cavalli.

CONCLUSION

Au fil des saisons, l’AS Pagny démontre que le football n’est pas seulement une question de compétition, mais peut être un véritable catalyseur de changement. Chaque projet, chaque initiative, même la plus modeste, laisse une trace dans le quotidien des enfants, des parents et de la communauté. Comme les arbres que le club a plantés sur son terrain, l’AS Pagny montre que prendre soin de la planète, c’est un effort collectif, un travail de patience, mais aussi un investissement pour les générations futures. En cultivant cette conscience écologique au sein de la jeunesse, le club ne se contente pas d’encadrer de jeunes joueurs : il leur transmet des valeurs, leur apprend à jouer ensemble pour un avenir commun, tout en préservant le monde dans lequel ils évolueront demain.

Ainsi, au-delà des buts marqués sur le terrain, l’AS Pagny inscrit des victoires durables dans le cœur de chacun, prouvant que le sport, tout comme la nature, peut offrir un terrain de jeu pour l’avenir.

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