TÉMOIGNAGE Biarritz Olympique Tennis

Présentation du club

Sous le soleil de la côte basque, entre mer et terrains en terre battue, le Biarritz Olympique Tennis Padel s’impose comme un club sportif, mêlant l’expérimentation, la sensibilisation et l’engagement. Dans un contexte où les enjeux environnementaux gagnent peu à peu tous les secteurs, le club biarrot a choisi de faire du développement durable une priorité.

Depuis trois ans, Jimmy Maurel, responsable RSE du BO Tennis, incarne cette transition. Ancien passionné de sport devenu acteur du changement, il œuvre chaque jour pour faire rimer performance et responsabilité. À travers des actions concrètes, souvent initiées de manière artisanale mais toujours porteuses de sens, il est en train de bâtir une culture éco-responsable au cœur d’un milieu encore trop peu sensibilisé.


Aux origines de la démarche éco-responsable du club

Quand il arrive au Biarritz Olympique Tennis, Jimmy Maurel découvre un club dynamique, tourné vers la compétition et la convivialité, mais où la notion de responsabilité environnementale reste encore floue. “Le budget alloué au RSE dans une association, c’est très compliqué”, confie-t-il. Alors, il décide de commencer petit, avec les moyens du bord.

Sa première initiative, il s’en souvient bien : une journée baptisée Troca BO, pensée comme un troc solidaire du tennis. L’idée est simple : donner une seconde vie au matériel sportif, raquettes, chaussures, textiles, en invitant les licenciés à déposer ce qu’ils n’utilisent plus pour que d’autres, dans le besoin, puissent en bénéficier. “Le but, c’était de créer un mouvement collectif, une prise de conscience, tout en gardant l’esprit club”, raconte Jimmy.

Mais le projet ne rencontre pas le succès espéré. “Je venais d’arriver, les gens ne me connaissaient pas encore, et surtout, en 2022, on ne parlait pas autant d’écoresponsabilité dans le sport qu’aujourd’hui”, explique-t-il. Cette première tentative, qu’il décrit comme un “one-shot test”, aura pourtant servi de déclencheur. Trois ans plus tard, le contexte a changé : les mentalités évoluent, les adhérents sont plus attentifs, plus sensibles à ces questions.

“Aujourd’hui, tout le monde a conscience de ce qui se passe. Les choses avancent, et moi aussi”, affirme-t-il avec un sourire.

Une charte pour ancrer durablement la démarche éco-responsable

Après ce premier galop d’essai, Jimmy Maurel décide d’aller plus loin. Il veut structurer la démarche, donner au club un cadre clair et des objectifs mesurables. “Je me suis dit qu’il fallait passer d’actions ponctuelles à une vraie stratégie”, explique-t-il. C’est ainsi qu’est née l’idée d’une charte éco-responsable dédiée au tournoi phare du club : l’Engie Open de Biarritz, rendez-vous incontournable du circuit féminin chaque mois de juin.

Lors de sa première participation à l’événement, Jimmy constate encore de nombreuses incohérences : déchets non triés, consommation excessive de plastique, logistique énergivore. “Je me suis rendu compte qu’il y avait encore beaucoup à faire. J’ai donc pris l’initiative de rédiger une charte pour poser des bases, montrer qu’on pouvait faire autrement”. Le document fixe quinze engagements concrets, allant de l’alimentation durable à la gestion des déchets, en passant par les mobilités douces. Et le bilan est déjà remarquable : “Sur les quinze engagements, on en a mis en œuvre treize ou quatorze. C’est un vrai pas en avant”.

L’un des points dont il est le plus fier : l’alimentation. À Biarritz, les produits locaux font désormais partie intégrante de l’offre du tournoi. “On a la chance d’avoir autour de nous des producteurs qui nous fournissent en fruits, légumes, produits frais… C’est une évidence de s’ancrer dans le local”. Sur d’autres aspects, le combat continue, notamment du côté de certains partenaires moins sensibles aux enjeux environnementaux. “Certains, honnêtement, ne sont pas encore dedans. Ils ont des quotas à remplir et ne voient pas toujours l’intérêt du changement”.

L’exemple le plus parlant : la question des bouteilles en plastique. Depuis deux ans, Jimmy tente d’imposer l’usage de gourdes réutilisables pour les joueuses et les équipes. Mais la réglementation sportive, qui exige des bouteilles scellées pour les compétitions, complique l’équation. “Je me bats contre ça, littéralement. C’est frustrant, mais on avance. Cette année, on a déjà réussi à réduire le nombre de bouteilles”.

Malgré ces obstacles, la dynamique du club commence à inspirer bien au-delà des courts biarrots. La Fédération Française de Tennis (FFT) elle-même a repéré le travail de Jimmy. “La chargée de projet RSE de la FFT est venue nous rencontrer, raconte-t-il. Elle a trouvé notre charte pertinente et m’a demandé l’autorisation de s’en inspirer pour créer une version nationale”.

Les actions RSE : un service gagnant pour le Biarritz Olympique tennis

Cette dynamique, désormais bien ancrée, s’est traduite par une série d’actions très concrètes. La plus visible, et sans doute la plus fédératrice, reste la gestion des déchets et le recyclage. “On trie tout, explique Jimmy. On a fait venir quatre conteneurs dédiés par l’agglomération, parce qu’entre le restaurant, les tournois et le passage des adhérents, ça fait du monde”. Le club a aussi installé des points de collecte pour le matériel sportif, destinés à des marques comme Babolat.

Et puis, il y a les balles de tennis, véritable emblème du projet RSE du club. “On en utilise environ 7 600 par an, c’est énorme !”. Désormais, Biarritz sert de point relais pour la récupération : les clubs voisins y déposent leurs balles usées avant qu’un camion ne vienne les collecter. Le club a même exploré des pistes plus innovantes : construire un terrain à partir de balles recyclées, ou tester des machines repressurisatrices capables de prolonger leur durée de vie. “Le projet de terrain n’a pas abouti, la surface ne correspondait plus aux normes fédérales, mais l’idée reste dans un coin de ma tête. Quant aux repressurisateurs, on aimerait les tester bientôt”.

Changer les esprits, pas seulement les pratiques

Au-delà du matériel, Jimmy tient à faire évoluer les mentalités. Chaque année, pendant le tournoi, un stand de sensibilisation s’installe sur le site, à destination de tous les publics : enfants, parents, seniors. “On propose notamment la fresque écologique du tennis”, précise-t-il, un atelier inspiré de la fresque du climat pour expliquer les enjeux environnementaux liés au sport. Il rêve désormais d’impliquer davantage les parents des jeunes licenciés, même si les contraintes de temps freinent encore le projet : “Ce sera sans doute pour les week-ends ; il faut trouver le bon format”.

Le responsable RSE n’oublie pas non plus la dimension sociale de son rôle. Inclusion, égalité homme-femme : autant de sujets sur lesquels le club se distingue déjà. “On est au-dessus de la moyenne nationale”, affirme-t-il fièrement, tout en reconnaissant que “le travail n’est jamais terminé”.

Vers un club plus autonome

En parallèle, Jimmy Maurel tourne son regard vers les infrastructures et la manière dont le club peut devenir un acteur exemplaire sur la gestion des ressources. Parmi les chantiers les plus ambitieux : l’eau. “On est en terres battues, rappelle-t-il. On a sept terrains extérieurs, quatre intérieurs… Autant dire que l’arrosage représente une consommation énorme”.

D’où son idée : équiper le club de compteurs d’eau intelligents et d’une cuve de récupération des eaux de pluie. Un projet à la fois écologique et économique, pensé pour réduire l’empreinte hydrique du site. “C’est un investissement, bien sûr, mais à long terme, c’est un gain. Le but, c’est de tendre vers l’autonomie, peut-être 40 à 50 % dans un premier temps”, détaille-t-il.

Le dispositif permettrait d’arroser les terrains grâce à l’eau de pluie recueillie sur les toitures des infrastructures. “La mairie est partante, deux entreprises locales aussi, mais ça prend du temps. Il faut trouver les bons partenaires, les bons financements, comprendre le fonctionnement des compteurs…” explique Jimmy, lucide face à la complexité du dossier.

Au-delà de la technique, il y a l’envie d’être précurseur. “En Nouvelle-Aquitaine, aucun club n’a encore poussé le projet aussi loin. Si on arrive à le concrétiser, ce serait une vraie fierté. Il faut bien que quelqu’un montre l’exemple”.

Et cette quête d’autonomie ne s’arrête pas à l’eau. Dans son viseur : l’énergie. Le club étudie actuellement la possibilité d’installer des panneaux photovoltaïques sur les structures de couverture des terrains. “L’idée, ce serait de faire d’une pierre deux coups : couvrir les terrains tout en produisant notre propre électricité”. Un projet pensé main dans la main avec le président du club, déjà convaincu par la double utilité de l’opération.

“Si on arrive à combiner panneaux solaires et récupération d’eau, ce serait une vraie réussite RSE”, se réjouit Jimmy. À terme, le Biarritz Olympique Tennis pourrait non seulement réduire ses dépenses, mais surtout devenir un modèle d’autonomie énergétique et environnementale.

Les défis du changement

Mais derrière l’énergie et la créativité de Jimmy Maurel, la réalité associative rattrape parfois les ambitions. Le Biarritz Olympique Tennis Padel n’échappe pas aux contraintes économiques : “Le nerf de la guerre, c’est le budget”, admet-il franchement. Dans un club où chaque euro compte, la RSE doit souvent se frayer un chemin entre les priorités sportives, les frais de fonctionnement et les projets de rénovation.

“On fonctionne avec des moyens très limités, et les subventions ne suivent pas toujours”, poursuit-il. Les aides dédiées au développement durable existent, certes, mais elles sont souvent réservées au matériel. “C’est le grand paradoxe, explique-t-il. On nous finance plus facilement des panneaux solaires que de la formation ou un bilan carbone”.
Une situation frustrante pour celui qui rêve d’évaluer précisément l’impact du club. “J’aimerais qu’on puisse faire un vrai diagnostic, un bilan carbone complet… mais ça coûte cher, et aucune subvention ne couvre ce type d’étude”.

Et puis, il y a l’humain, sans doute le défi le plus complexe. Convaincre, embarquer, faire bouger les lignes : autant d’étapes qui demandent patience et diplomatie. “Les partenaires, les institutions… tout le monde n’a pas la même sensibilité à ces sujets”, reconnaît Jimmy. Certains voient encore la RSE comme une contrainte, d’autres comme une belle idée mais difficilement compatible avec la réalité du terrain.

Pour lui, la clé reste la pédagogie et l’exemple. “On ne peut pas forcer les gens à adhérer, mais on peut leur montrer que ça marche. Quand les partenaires voient que nos actions attirent du public, que ça crée une image positive, ils comprennent l’intérêt.

CONCLUSION

Aujourd’hui, le Biarritz Olympique Tennis Padel s’impose peu à peu comme une référence inspirante dans le paysage du tennis français. La FFT, elle-même, a reconnu la pertinence du travail accompli à Biarritz. L’exemple biarrot circule désormais dans les discussions fédérales, et inspire d’autres clubs, comme celui de Grenoble, engagé dans une démarche similaire. “On échange beaucoup, on partage nos retours d’expérience. L’idée, c’est d’avancer ensemble, pas chacun dans son coin”.

Cette reconnaissance ne marque pas une fin, mais bien un nouveau départ. Le rêve de Jimmy ? Faire du Biarritz Olympique Tennis un club pilote RSE, capable de démontrer qu’un modèle sportif plus vertueux est non seulement possible, mais souhaitable. “Ce qu’on construit ici, ce n’est pas juste une politique RSE, c’est une culture”, résume-t-il avec sérénité. Et à Biarritz, cette conviction se joue comme un match : avec passion, endurance et la certitude que la victoire la plus importante ne se mesure pas au score, mais à l’impact qu’on laisse derrière soi.

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