Témoignage de l’École de Tennis de Niort (ETN)

Un club qui fait le choix du durable, service après service !

Présentation du club

Avec près de 600 adhérents, l’École de Tennis de Niort (ETN) est sans doute la plus grande association sportive du département. Mais pour son président David Ribrault, le vrai défi ne se joue pas seulement sur les courts. “Avant d’être un club de tennis, avant d’être un club sportif, on est une association implantée dans un quartier de la ville. On a une responsabilité locale, citoyenne, presque morale”.

Ici, le tennis permet de tendre vers autre chose : éduquer, transmettre, créer du lien, prendre soin du vivant. L’ETN joue un autre match : plus collectif, plus créatif, et parfois plus compliqué aussi. Un match où chaque petit geste compte, même s’il ne rapporte pas de points officiels. “On accueille énormément d’enfants, on est dans un cadre verdoyant, agréable, avec des arbres, une vie de club plutôt sympa. Alors, on a le devoir d’être exemplaires, auprès de nos membres comme de la ville”.

Sous ses airs de club sportif dynamique, l’École de tennis de Niort devient un laboratoire d’idées. Un terrain où l’on teste, où l’on ose pour l’écologie tout en ayant sa raquette à la main.

Entre deux services : un coup de pouce pour la biodiversité

Parmi les initiatives les plus visibles (et les plus mignonnes) de l’ETN, une collaboration avec le groupe ornithologique des Deux-Sèvres a permis au club de fabriquer et d’installer des nichoirs pour oiseaux sur les arbres bordant les terrains. “C’était super chouette, très pédagogique avec les enfants. L’après-midi, on avait même une maquette pour sensibiliser à la préservation des espèces”, raconte le président du club. Devant le succès de l’opération, l’équipe prévoit déjà une version 2 : cette fois, ce seront les hérissons les vedettes. “On va construire des cabanes dans le club. C’est simple à mettre en place, et ça parle à tout le monde”. 

Renoncer pour mieux avancer

Mais au-delà de ces jolies actions symboliques, le club n’a pas peur de prendre des décisions fortes. Des choix qui font parfois grincer des dents… avant de faire réfléchir. 

Premier exemple : l’équipe fanion, qui évolue en National 2, ne fera plus appel à des joueurs étrangers. Terminé les allers-retours en avion depuis l’Espagne juste pour un match le week-end. “C’était absurde écologiquement, et pas cohérent avec notre démarche. On a préféré miser sur les jeunes du club, valoriser le local. C’est un renoncement, mais on en est fiers”.

Deuxième changement radical : la fameuse “bulle”, cette structure gonflable qui permettait de couvrir un court en hiver, a été dégonflée pour de bon. “Le moteur tournait 24h/24 pendant des mois pour maintenir la pression, ça coûtait cher et c’était énergétiquement absurde, surtout pour un court peu utilisé”. À la place, le club a refait la surface  des terrains extérieurs en terre battue synthétique, jouables même sous la pluie. Écologique et stratégique !

Du textile recyclé plutôt que des maillots flambants neufs

Et puisque chaque détail compte, même les tenues du club passent au crible. Fini les mailleurs neufs fabriqués on-ne-sait-où ! À la place ? Une idée cousue main : un partenariat avec le tiers-lieu niortais 3T (Talent Textile Tiers-lieu), qui regroupe des créatrices locales de couture et de broderie. “L’idée, c’est que chacun amène ses propres fringues de sport, son sac, sa casquette, et qu’on y brode simplement le logo du club. C’est joli, c’est durable, et ça coûte 3 ou 4 euros. On adore ce projet”. Une manière de renforcer l’esprit d’appartenance, sans faire exploser la planète ni le budget.

Tri sélectif, avis partagés

Évidemment, tout n’est pas parfait. Parfois, l’engagement se heurte à la réalité du quotidien. Par exemple, le tri des déchets : “Ce n’est pas si simple, on ne va pas mettre trois poubelles sur chaque terrain… Et puis, qui va les vider ? On se demande s’il ne faut pas plutôt responsabiliser les gens, les inviter à prendre une gourde, repartir avec leurs déchets…” Le club réfléchit aussi à installer un composteur. Rien n’est figé. Tout évolue.

Recycler pour mieux rebondir

Dans le monde du tennis, l’équipement a un impact écologique lourd entre les raquettes composites et les balles. Face à cette problématique, l’ETN, elle, joue la carte du bon sens.

“On participe à l’opération Balles Jaunes”, explique David Ribrault, “On dépose nos balles usées à la Ligue, qui les transmet à la Fédération. Elles servent ensuite à fabriquer des revêtements souples pour les aires de jeux d’enfants”. Un cercle vertueux plutôt qu’une volée perdue dans la nature.

Mais ce n’est pas tout. La bâche de la “bulle” du club, devenue inutile, pourrait bien avoir une seconde vie. “On s’est dit : pourquoi pas la transformer ? En cabas, en trousses, ou même en poufs rembourrés avec des balles usagées. Si on arrive à faire ça, ce serait top !”

Balbutiements, mais pas de double faute

L’école de tennis de Niort ne prétend pas être un modèle absolu. “On est au balbutiement de notre démarche”, reconnait le président du club. Et il n’est pas seul. Beaucoup de clubs naviguent à vue sur la question du sport durable. Mais à Niort, on assume les hésitations, et surtout, on avance.

Le renoncement à la bulle ? “Pour moi, c’est énorme. Mais ça passe presque inaperçu. C’est une décision lourde d’impact, mais qui ne se voit pas”. Même constat pour la fin du recours aux joueurs étrangers. Deux actions très fortes, mais peu mises en scène. Pourquoi ? Le frein principal, c’est le temps. “On agit plus qu’on ne communique. Peut-être qu’un jour, on prendra le temps de dresser un vrai bilan, avec les effets constatés. Pour l’instant, on avance”.

Et si l’ETN jouait en double ?

Et le partage de bonnes pratiques, alors ? “On communique un peu sur certaines actions simples, comme les nichoirs, avec des publications Facebook ou des articles dans le journal local. Mais on ne se sent pas toujours légitimes à dire aux autres quoi faire. On n’assume pas forcément cette posture”.

Pas question ici de jouer les donneurs de leçon. Et pourtant, l’ETN est l’un des plus gros clubs de la région. Il pourrait inspirer. Il pourrait fédérer. “Oui, il faudrait qu’on s’y colle. Il y aurait sûrement un intérêt à le faire davantage”.

Mais voilà, comme beaucoup d’associations sportives, le temps et l’énergie sont comptés. “On priorise. Et l’urgence, souvent, c’est de payer les enseignants, d’organiser les stages, de faire tourner la boutique”.

Les freins ? Plutôt un filet à franchir qu’un mur

Évidemment, il y a quelques fois des résistances, y compris en interne. “Certains pensent que c’est du greenwashing, que ça ne sert à rien. Il faut que nos décisions soient justifiées, intégrées dans un projet global. Sinon, ça ne passe pas”.

Et dans un monde où l’urgence climatique n’est pas forcément un sujet prioritaire pour tous, il faut parfois faire preuve de diplomatie. Ou de stratégie. “Parfois, je dis : si on veut continuer à avoir une subvention MAIF, on doit agir pour l’environnement”. Et l’argument porte : la balle est bien renvoyée !

Service gagnant : la force du partenariat local

Le partenariat avec MAIF, justement, s’inscrit dans une dynamique locale. “Le siège est à Niort, avec plus de 2 000 salariés. Ils ont une politique de soutien au tissu associatif local, sans chercher de retombées d’image immédiates”. Mais l’assurance milite aussi pour un sport plus responsable. Des formations, des échanges entre associations… une belle dynamique est enclenchée. “Ça a été super intéressant de croiser d’autres associations qui se posent les mêmes questions. On n’est pas seuls”.

CONCLUSION

Alors à l’ETN, on ne se contente pas de taper dans une balle. On construit, on bricole, on débat, on tente des coups. Comme dans un vrai match, il y a des fautes directes, des beaux points gagnants, et surtout, l’envie de continuer à jouer.

Pas besoin de grands discours, ici les convictions prennent racine dans le quotidien. “Ce qu’on fait, on le fait en toute sobriété, mais aussi en toute modestie”, conclut le président du club. Et si tout n’est pas parfait, c’est justement parce que tout est vivant. Entre deux échanges de balles, on échange des idées. On fait avec les moyens du bord, avec du bon sens, de la patience et beaucoup d’envie.

Car finalement, ce club ressemble à ce qu’on attend d’un vrai lieu de sport aujourd’hui : un endroit où l’on vient pour progresser… dans ses coups droits comme dans ses choix de société. 

    Comments are closed

    Hey toi ! Tu trouves que c’est génial ce que nous faisons pour le sport ? C’est vrai, merci ! 😊

    Tu peux nous soutenir en faisant un don libre ou en adhérant à l’association à partir de 5 € !