TÉMOIGNAGE La Salésienne de Paris

Fondée en 1913, La Salésienne de Paris traverse les époques sans jamais perdre de vue sa vocation première : offrir un espace d’épanouissement, de transmission et de lien social au cœur du 17ᵉ arrondissement. Plus d’un siècle après sa création, cette association s’impose comme un acteur de la vie locale, fidèle à des valeurs éducatives, sportives, artistiques et humaines qui continuent de guider chacune de ses actions.

Avec près de 5 000 adhérents, La Salésienne rassemble aujourd’hui un public intergénérationnel. Des plus jeunes aux seniors, chacun y trouve sa place à travers une quinzaine d’activités mêlant pratiques sportives et artistiques : de la comédie musicale au yoga, du football à la boxe, en passant par la danse, la natation ou encore les arts créatifs.


La naissance d’une démarche RSO portée collectivement

À La Salésienne, la réflexion autour de la responsabilité sociétale et environnementale n’est pas née d’une obligation extérieure ni d’une recherche de reconnaissance. Elle s’est imposée progressivement, comme une évidence. Il y a un peu plus de deux ans, le conseil d’administration décide de prendre le temps de la réflexion et d’organiser un séminaire stratégique réunissant l’ensemble de ses membres, accompagné par un intervenant extérieur.

On avait besoin de se poser, de réfléchir ensemble au rôle que nous voulions jouer dans notre arrondissement”, raconte Aymeric de Tilly, président de l’association. De ces échanges émergent plusieurs orientations fortes. Au-delà du sport et des activités artistiques, une conviction partagée s’impose : La Salésienne doit pleinement assumer son rôle d’acteur local, capable d’avoir un impact durable sur son environnement humain, social et territorial. “L’idée, c’était de devenir un acteur fort du quartier, pas seulement par nos activités, mais aussi par notre engagement social et environnemental”, résume le président.

Des premières actions concrètes pour ancrer la démarche dans le réel

Une fois les grandes orientations définies, La Salésienne choisit de passer rapidement à l’action. Pas question de rester au stade des intentions. La première étape est organisationnelle : le conseil d’administration met en place une commission dédiée à la RSO, chargée d’identifier les leviers d’action prioritaires et de transformer la réflexion stratégique en initiatives concrètes.

Très vite, cette commission se saisit des enjeux sociaux et sociétaux propres à une association de cette ampleur. La question de la féminisation apparaît comme un axe central. Gouvernance, encadrement, accès aux disciplines : La Salésienne engage un travail de fond pour renforcer la place des femmes, tant dans les instances de décision que dans la pratique sportive et artistique. “On a fait entrer davantage de femmes au conseil d’administration, on a revu certaines disciplines pour qu’elles soient pleinement accessibles aux filles comme aux garçons”, précise-t-on au sein de l’équipe dirigeante.

Dans le même esprit, l’association renforce son rôle éducatif auprès des jeunes. Consciente de l’impact qu’elle peut avoir au-delà de l’entraînement ou du cours artistique, La Salésienne développe un dispositif d’accompagnement scolaire, progressivement structuré, et réfléchit à des passerelles vers l’insertion, notamment à travers l’aide à la recherche de stages.

Parallèlement, l’association engage une série d’actions environnementales, adaptées à ses contraintes. N’étant pas propriétaire de la majorité de ses lieux de pratique, La Salésienne agit là où elle le peut. Une politique d’achats plus responsables est amorcée, notamment pour son chalet à la montagne : recours aux circuits courts, réflexion sur les fournisseurs et attention portée à l’impact des consommations quotidiennes.

D’autres gestes, plus discrets mais tout aussi significatifs, voient le jour. Sur les compétitions et événements, la réduction des bouteilles en plastique devient une priorité. Et surtout, un circuit vert de réutilisation est mis en place : vêtements, équipements sportifs, chaussures ou matériel trouvent une seconde vie au sein de l’association. “Ce n’est pas qu’une question d’écologie, c’est aussi une question de solidarité”, souligne la direction.

Une démarche transversale pour fédérer toutes les sections

Dans une association aussi riche et plurielle que La Salésienne, le risque serait de voir chaque activité évoluer en vase clos. Dès le départ, la démarche RSO est pensée comme transversale, capable de relier les sections entre elles, qu’elles soient sportives ou artistiques. “On essaie d’éviter de raisonner trop par silos”, affirme Aymeric de Tilly.

Si les pratiques sont évidemment différentes, la philosophie reste la même. L’enjeu n’est pas d’appliquer des actions identiques partout, mais de mettre en place des dispositifs duplicables, afin que chacun se sente concerné, quel que soit son domaine. Les commissions jouent ici un rôle clé : lorsqu’une initiative fonctionne dans une section, elle est pensée pour pouvoir être étendue aux autres.

Un exemple marquant : le circuit vert de réutilisation. Initialement pensé pour certains équipements sportifs, le dispositif a rapidement dépassé les frontières des sections. Vêtements, chaussures, raquettes, matériel divers… les dons affluent, parfois même pour des pratiques absentes du catalogue de l’association. “On ne fait pas de vélo, et pourtant on a récupéré un vélo”, sourit la direction.

La labellisation Fair Play For Planet : structurer, mesurer, progresser

À mesure que les actions se multiplient, une question émerge naturellement au sein de La Salésienne : comment structurer la démarche, la mesurer et lui donner un cadre lisible, sans trahir l’esprit dans lequel elle a été initiée ? C’est dans ce contexte que l’association croise la route de Fair Play For Planet, un label pensé pour accompagner les structures sportives dans leur transition environnementale.

On a assez vite rencontré Julien (Julien Pierre, fondateur du label Fair Play for Planet), et les échanges ont tout de suite été intéressants”, se souvient Aymeric de Tilly. Pourtant, l’engagement dans la labellisation ne se fait pas sans réflexion. La Salésienne est une association aux multiples activités, réparties sur des lieux de pratique qui ne lui appartiennent pas pour la plupart (gymnases municipaux, équipements scolaires, infrastructures partagées).

Plutôt que de renoncer, l’association choisit de travailler à son échelle, là où elle a un réel pouvoir d’action : les usages, les comportements, les achats, la sensibilisation des adhérents. Un diagnostic RSO est alors mené, à partir d’un audit proposé par Fair Play For Planet et piloté côté association par un chef de projet dédié. Le résultat est à la fois révélateur et structurant : 31 points sur 100.

Un score qui ne surprend pas totalement, mais qui permet surtout de mettre des mots et des chiffres sur des pratiques déjà existantes. “On faisait déjà pas mal de choses sans forcément les identifier comme de la RSO. Pour nous, c’était juste du bon sens”, explique Manon Vagner, directrice adjointe de La Salésienne. Cette première évaluation met en lumière des points forts, mais aussi des marges de progression claires. Un cap est alors fixé : atteindre 40 %, seuil nécessaire pour décrocher le premier niveau de labellisation.

Commence alors une phase d’accélération. Dématérialisation des inscriptions, amélioration de la gestion des déchets, réduction du plastique, développement du recyclage et du réemploi, ajustement des pratiques d’achat… L’effort porte ses fruits. À la fin de la saison dernière, La Salésienne franchit le seuil des 40 % et obtient le niveau 1 du label Fair Play For Planet. Une étape symbolique, mais surtout structurante. “Le label n’est pas une finalité. Il nous a surtout permis de nous rendre compte de là où on en était et de là où on voulait aller”, insiste Aymeric de Tilly.

Cap sur le niveau 2 : passer d’initiatives concrètes à une stratégie structurée

Une fois le premier niveau du label Fair Play For Planet obtenu, La Salésienne ne compte pas s’arrêter là. L’enjeu, désormais, est clair : changer d’échelle. “Ce qu’on a fait jusque-là, c’était surtout des ajustements, des actions qu’on pouvait corriger assez rapidement parce qu’elles existaient déjà”, explique Manon Vagner. 

Pour viser le niveau 2, fixé à 60 %, il ne s’agit plus seulement d’agir, mais de formaliser. Une politique RSO globale est en cours d’élaboration, accompagnée d’une charte environnementale destinée à être partagée avec l’ensemble des adhérents. L’objectif : poser un cadre commun, clarifier les engagements et inscrire la démarche dans la durée. Plusieurs axes prioritaires ont été identifiés pour cette nouvelle étape. La gouvernance reste centrale, avec un travail poursuivi sur la féminisation, l’équité et la représentation au sein des instances décisionnelles. La politique d’achats responsables constitue également un levier majeur pour une association de cette taille : matériel sportif, équipements, fournitures du quotidien… À cela s’ajoutent la gestion et le tri des déchets, étroitement liés aux modes de consommation, ainsi qu’une réflexion approfondie sur l’alimentation, notamment lors des stages et des temps d’accueil pendant les vacances scolaires.

Ressources humaines et bénévolat : trouver le bon équilibre

Mettre en œuvre une démarche RSO structurée au sein d’une association de 5 000 adhérents ne se fait pas sans mobilisation humaine. Consciente de l’enjeu, La Salésienne a choisi d’avancer avec méthode, en adaptant ses ressources à ses capacités réelles. “L’an dernier, on était encore dans une phase de découverte, on a beaucoup accéléré sur la fin pour atteindre le premier niveau du label”, explique Manon Vagner. Cette saison, l’objectif est différent : anticiper, lisser l’effort et inscrire les actions dans la durée.

Pour cela, l’association a décidé de confier explicitement le pilotage de la démarche à une personne identifiée, qui y consacre aujourd’hui une journée par semaine. Ce temps de travail est réparti intelligemment sur l’année, en tenant compte des périodes de forte activité et des moments plus creux du calendrier associatif. “On sait qu’il y a des phases de rush où le quotidien de l’association reprend le dessus. L’idée, c’est de travailler davantage en amont pour ne pas subir ensuite”, précise la direction.

Aux côtés des salariés, le bénévolat reste un pilier, mais sous des formes multiples. La commission RSO, composée de membres du conseil d’administration, joue un rôle central dans la réflexion et l’orientation des actions. Sur le terrain, l’engagement des bénévoles varie selon les sections et les projets : parents investis ponctuellement, animateurs du chalet à la montagne très impliqués dans les pratiques responsables, référents mobilisés lors d’actions spécifiques.

Pour autant, La Salésienne ne nie pas les mutations à l’œuvre. “Les gens ont moins de temps qu’avant”, observe Aymeric de Tilly. L’engagement régulier sur le long terme devient plus rare, obligeant l’association à repenser le rôle du bénévole. Missions ciblées, investissement ponctuel, projets concrets et clairement définis : autant de leviers pour continuer à susciter l’envie de s’engager. “C’est à nous, associations, de proposer des formes d’engagement qui donnent envie”, souligne le président.

CONCLUSION

À La Salésienne, la démarche RSO ne se vit ni comme une parenthèse ni comme un simple objectif à cocher. Elle s’inscrit dans une vision de long terme. L’atteinte du niveau 2 du label Fair Play For Planet constitue aujourd’hui un cap structurant, mais certainement pas une fin en soi.

Les projets à venir témoignent de cette volonté d’avancer de façon cohérente et équilibrée. À court et moyen terme, La Salésienne entend renforcer ses engagements autour de plusieurs priorités : la structuration du bénévolat, avec l’organisation d’un forum dédié pour ouvrir l’association à de nouveaux profils ; la féminisation du sport, à travers des actions visibles et symboliques, notamment lors de la Journée internationale du sport féminin ; ou encore le développement de l’inclusion et du sport adapté, pour que chacun puisse trouver sa place, quelles que soient ses capacités.

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