TÉMOIGNAGE Pouzauges Vendée Handball

Présentation du club

Le Pouzauges Vendée Handball s’est imposé au fil des décennies comme une véritable institution sportive locale. Créée en 1973, l’association a su conjuguer passion et structuration pour devenir l’un des clubs phares de la région. Avec quelque 345 licenciés en 2020 répartis dans 20 équipes, dont plus d’une centaine de joueuses, le club cultive un esprit de convivialité tout en affirmant des ambitions sportives solides. Son équipe élite, longtemps habituée aux joutes de la Nationale 1, évolue aujourd’hui en Nationale 2, poursuivant une tradition d’excellence forgée sur les parquets. 

Mais derrière les résultats et l’engagement de figures comme Romain Lautour, salarié du club, se dessine une nouvelle ambition : celle d’engager une véritable transition écologique. Le Pouzauges Vendée Handball entend désormais conjuguer le quotidien d’un club formateur et compétitif avec une démarche écoresponsable.

La Genèse de la démarche écoresponsable du Pouzauges Vendée handball

Au départ, rien ne laissait présager qu’une telle dynamique verrait le jour. Le Pouzauges Vendée Handball avançait comme beaucoup d’autres clubs : des initiatives existaient déjà, presque naturellement, mais sans véritable fil conducteur. Covoiturage improvisé, entraide entre familles, petites habitudes de bon sens… Autant de gestes restés invisibles, disséminés dans le quotidien.

C’est Romain Lautour, salarié du club, qui a pris conscience que toutes ces pratiques méritaient d’être structurées. Un jour, après avoir calculé le nombre de kilomètres parcourus chaque semaine par les licenciés, près d’un demi-million, il a eu comme un déclic. “On fait déjà des choses, mais on ne s’en rend même pas compte”, s’est-il dit. Alors, il a proposé de passer à l’étape supérieure : officialiser cette démarche, l’organiser et surtout l’évaluer.

Romain Lautour s’est donné comme mission de tester des idées, ajuster, puis dresser un bilan en fin de saison. Pas question de bouleverser brutalement les habitudes : l’enjeu était d’installer de nouveaux réflexes, petit à petit, jusqu’à ce qu’ils deviennent naturels, pour les joueurs comme pour les familles.

Repenser les déplacements pour réduire l’empreinte carbone

Dans une commune rurale comme Pouzauges, le handball se vit aussi sur la route. Avec 350 licenciés répartis dans toute la campagne vendéenne, chaque entraînement, chaque match du week-end se traduit par des dizaines de voitures en mouvement. Lorsque Romain Lautour a fait le calcul, le chiffre l’a frappé de plein fouet : près de 500 000 kilomètres parcourus en une semaine.

Face à ce résultat, la mobilité est devenue le premier terrain d’action. Le minibus du club, qui restait souvent au garage, a retrouvé une seconde jeunesse et sillonne désormais régulièrement les routes pour transporter les joueurs. Le covoiturage, lui, n’est plus laissé au hasard : il s’organise dès la rentrée, que ce soit pour les trajets depuis le collège ou pour accompagner les équipes en compétition.

Même les plannings d’entraînement ont été revus. Désormais, lorsqu’une fratrie joue au club, on essaie de regrouper les créneaux le même jour, à la même heure. Moins d’allers-retours pour les familles, moins de kilomètres pour la planète. Et pour les seniors, la solution a été radicale : plutôt que de multiplier les minibus, un seul bus collectif prend la route. Résultat : une économie financière et un bilan carbone allégé.

La commune s’est elle aussi invitée dans ce dispositif vertueux. Tous les mercredis, un service gratuit de transport est proposé aux enfants. Le club a aussitôt adapté ses horaires d’entraînement des plus jeunes pour coller à ce créneau. Là encore, un gain à la fois écologique et social, qui simplifie la vie des familles tout en renforçant le lien entre club et territoire.

Goûters locaux et circuits courts : le défi gourmand du Pouzauges Handball

L’été, le club se transforme en colonie sportive : pendant six semaines, près de 400 enfants se succèdent pour participer aux stages organisés par le Pouzauges Vendée Handball. Qui dit enfants, dit goûters à prévoir en quantité. Plutôt que d’acheter des produits industriels venus de loin, l’idée s’est imposée presque naturellement : et si on faisait appel aux producteurs locaux ?

Un matin, Romain Lautour découvre qu’à seulement trois kilomètres de chez lui, un maraîcher vend des pastèques. L’occasion était trop belle. Pourquoi traverser la Vendée pour remplir les paniers quand la solution se trouve quasiment au pas de la porte ? “J’ai lancé le test, on verra bien si ça prend avec les enfants”, raconte-t-il. Résultat : un goûter frais, local et sans emballage inutile.

Mais derrière cette belle réussite se cache une difficulté bien réelle : le prix. Les gâteaux artisanaux ou les fruits locaux coûtent souvent plus cher que les produits industriels. Et quand il s’agit de nourrir des centaines d’enfants, la facture grimpe vite. Le club avance donc en funambule, entre convictions écologiques et contraintes budgétaires. Pour franchir cette barrière, il s’appuie sur les partenariats existants et tente d’en tisser de nouveaux, convaincu que cette logique de proximité finira par s’ancrer durablement dans son fonctionnement.

Moins de déchets, plus de réutilisables

Au gymnase de Pouzauges, les soirs de match, les buvettes tournaient à plein régime. Mais à la fin, il restait toujours la même montagne : des sacs entiers de gobelets en carton jetés à la poubelle. Une image qui a fini par agacer les bénévoles comme les dirigeants. La solution est venue avec l’aide d’un partenaire : les éco-cups. Restait toutefois un problème très concret : comment laver trois à quatre cents verres après un week-end de compétition ?

Là encore, le club a trouvé une parade en s’appuyant sur son tissu local. Une petite entreprise voisine a accepté de prendre en charge le nettoyage. Les éco-cups sont collectées le dimanche soir et reviennent propres quelques jours plus tard, prêtes à resservir.

La même logique a guidé une autre avancée : la distribution de 500 gourdes réutilisables, offertes par Fleury Michon, partenaire historique du club. Grâce à ce geste, les bouteilles plastiques ont disparu des sacs de sport, remplacées par un accessoire durable que chaque licencié garde désormais à portée de main.

Enfin, le club a voulu aller au-delà de ses murs, en organisant des opérations de ramassage de déchets. Un moyen simple mais efficace de sensibiliser les plus jeunes à leur environnement, tout en renforçant le sentiment d’agir ensemble, sur et en dehors du terrain.

Quand les équipements du club ont plusieurs vies

Au Pouzauges Vendée Handball, même les maillots ont droit à une seconde carrière. Après avoir brillé sur les épaules de l’équipe fanion, ils redescendent petit à petit les catégories, jusqu’aux plus jeunes. De fil en aiguille, un même jeu de maillots peut vivre jusqu’à six saisons complètes avant de tirer sa révérence. Et déjà, le club réfléchit à aller plus loin : pourquoi ne pas créer une bourse au matériel, où maillots, shorts et équipements trouveraient de nouveaux propriétaires au lieu de finir au placard ?

Les ballons, eux aussi, sont au cœur de cette logique d’entretien et de durabilité. Pour inciter les joueurs à en prendre soin, un système d’amendes a été instauré : un ballon mal nettoyé, et c’est une contribution à la “caisse noire” de l’équipe. Loin d’être punitif, ce pot commun finance en réalité un week-end de cohésion en fin de saison. Une manière astucieuse d’allier responsabilité individuelle, esprit collectif et convivialité.

Écoresponsabilité en terrain difficile : les défis du quotidien

Évidemment, tout n’est pas rose dans cette transition. Le choix du local, par exemple, se heurte à une barrière de taille : le prix. Entre un gâteau artisanal et une version industrielle, l’écart peut vite exploser le budget, surtout lorsqu’il faut nourrir des centaines d’enfants. Difficile alors de rester fidèle à ses convictions sans faire de concessions.

Certaines habitudes, elles, sont plus coriaces que prévu. Les célèbres Pom’Potes, par exemple, restent plébiscitées par les enfants. Pratiques, ludiques… mais désastreuses en termes de déchets. Trouver une alternative à la fois attractive et durable relève presque du casse-tête.

Et puis il y a ce que le club ne maîtrise pas : les infrastructures. Le chauffage qui tourne parfois dans un gymnase aux portes grandes ouvertes, l’éclairage qui reste allumé faute de détecteurs automatiques, ou encore une isolation défaillante qui laisse filer la chaleur en plein hiver. Autant de points noirs qui rappellent que l’écologie d’un club sportif ne dépend pas uniquement de sa volonté, mais aussi des choix des collectivités.

Des perspectives encore plus ambitieuses 

Malgré les obstacles, le Pouzauges Vendée Handball ne baisse pas les bras. La prochaine étape ? Mieux recycler le matériel sportif, créer des circuits de réemploi, et renforcer les collaborations avec les producteurs locaux pour des approvisionnements toujours plus responsables. Chaque idée est réfléchie, testée et ajustée, dans une logique d’amélioration continue.

Et puis il y a ce projet qui tient à cœur à Romain Lautour et aux dirigeants : obtenir un label citoyen de la Fédération Française de Handball. Une reconnaissance nationale qui viendrait couronner une année d’efforts, mais surtout envoyer un signal fort : un club rural peut conjuguer performance sportive, solidarité et responsabilité environnementale, tout en inspirant d’autres associations à suivre le même chemin.

CONCLUSION

Après une première année de mise en place, le bilan est clair : la démarche écoresponsable du Pouzauges Vendée Handball est vertueuse. Chaque action, chaque ajustement, montre que le changement est possible lorsqu’il est pensé de manière progressive et collective.

Le Pouzauges Vendée Handball est en train de devenir un exemple inspirant : ici, performance sur le terrain rime avec responsabilité environnementale, et vie associative s’allie à engagement citoyen. Les gestes du quotidien, des minibus aux goûters locaux, des maillots recyclés aux éco-cups, racontent l’histoire d’un club qui montre qu’écologie et sport peuvent avancer main dans la main, et ce, au cœur d’un territoire rural.

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