À Lamotte-Beuvron, au cœur de la Sologne, un jeune club intercommunal bouscule le paysage sportif local. Créé en 2020, le Tennis club (TC) Cœur de Sologne rassemble les communes de Lamotte-Beuvron, Nouan-le-Fuzelier et Vouzon autour d’un projet fédérateur porté par son président, Jean-Christophe Dupont. En unissant leurs forces, les dirigeants ont trouvé les moyens de dépasser les difficultés de gestion et de donner une nouvelle impulsion au tennis local.
À peine un an après sa naissance, le club inaugurait ses premiers courts couverts, longtemps attendus. Depuis, la progression est soutenue : de 100 membres à ses débuts, le club regroupe désormais près de 250 adhérents. Proactif, engagé dans une démarche écoresponsable dès ses origines, le TC Cœur de Sologne s’est aussi illustré en devenant l’organisateur du deuxième plus grand événement fédéral de la FFT (Fédération Française de tennis) : l’Open Beach Tennis de France, confirmant son rôle moteur bien au-delà du territoire solognot.
C’est en pleine pandémie que le TC Cœur de Sologne a véritablement vu le jour. Le projet existait déjà dans les cartons, mais le Covid a tout accéléré. L’histoire raconte qu’en moins d’une heure de réunion avec la Fédération, l’idée d’un Open de France de Beach Tennis a surgi. Quatre mois plus tard, 26 terrains sortaient de terre au Parc Équestre Fédéral. Une course contre la montre, menée tambour battant, qui a prouvé la capacité du club à improviser, innover et mobiliser. Mais cette aventure éclair a surtout planté une graine : celle d’une réflexion plus large sur l’avenir. Comment faire en sorte que le sport, et ce club en particulier, s’ancre durablement dans une démarche respectueuse de son environnement ?
Le premier chantier a été celui des balles de tennis usagées, un vrai casse-tête pour les clubs. “Tous les ans, on se demandait : que fait-on de nos balles usagées ?”, raconte Jean-Christophe Dupont, président du club. Ici, pas question de les jeter : certaines trouvent une seconde vie dans les écoles, fixées sous les chaises pour limiter le bruit, d’autres rejoignent le dispositif national “Balles Jaunes” pour être recyclées. Mais les trajets jusqu’à la ligue, à une heure de route, compliquent l’opération. Autre problématique : les raquettes. Plutôt que de les laisser s’empiler, le club les redistribue aux enfants, permettant à l’école de tennis de fonctionner sans surcoût.
Depuis longtemps, les gobelets jetables ont disparu au profit des éco-gobelets, et les canettes métalliques ont été remplacées par des bouteilles consignées. À chaque événement, des poubelles de tri sont installées, avec un travail constant de pédagogie auprès des joueurs, bénévoles et spectateurs. “Ce n’est pas le plus facile, mais on veille à ce que chacun mette les déchets au bon endroit”, observe Jean-Christophe Dupont. Même la consommation d’énergie est scrutée : dans la salle lumineuse, les adhérents sont incités à ne pas allumer inutilement la lumière en journée. De petits gestes, mais répétés, qui finissent par dessiner une vraie cohérence.
C’est sans doute lors de cet événement annuel que la démarche prend toute son ampleur. Installé sous le Grand Manège du Parc Équestre Fédéral, le tournoi repose sur une logistique millimétrée. “On nous demande souvent si on rajoute du sable chaque année. La réponse est non : on utilise celui de la FFE (Fédération Française d’Equitation), simplement séché pendant un mois pour offrir des conditions optimales de jeu”, explique le président du club.
Autour des matchs, tout un écosystème s’active. Plus de 300 enfants participent chaque année à des ateliers pédagogiques : découverte de la méthanisation avec GRDF, sensibilisation au tri des déchets ou encore la fresque écologique du tennis, présentée en partenariat de la FFT.
Les déchets alimentaires sont collectés séparément pour être valorisés en méthane. La collecte s’étend aussi au matériel sportif. En partenariat avec Ecologic, des bacs accueillent raquettes et équipements usagés, promis à une nouvelle vie. “Au sein de la ligue, il y a même un concours entre clubs : celui qui ramène le plus de balles gagne un pressurisateur, pour tripler leur durée de vie.”
Ces efforts n’ont pas tardé à être remarqués. Le club a reçu à plusieurs reprises le Trophée des actions solidaires et environnementales de la FFT, et a même été labellisé par le CNOSF. Mais l’expérience a aussi montré ses limites. “Le label Développement durable, le sport s’engage était trop lourd administrativement. J’ai passé deux semaines sur le dossier… On a préféré consacrer ce temps aux actions elles-mêmes”, explique Jean-Christophe Dupont.
Le tri reste également un défi quotidien. Même avec des poubelles dédiées, il faut une veille constante. “On s’assure qu’il y ait des bénévoles par demi-journée pour vérifier les flux et, si besoin, faire un peu de pédagogie auprès du public”, confie-t-il.
Malgré ces obstacles, la démarche a porté ses fruits. Les bénévoles se montrent plus impliqués, certains se spécialisant même dans la gestion écologique de l’événement. Les partenaires publics et privés saluent l’engagement, ouvrant de nouvelles portes. Renault met désormais à disposition des véhicules électriques pour transporter les joueurs, preuve que la crédibilité écologique du club séduit. “Sans la démarche, je pense qu’ils ne seraient pas là”, reconnaît le président.
Et les adhérents, sensibles à la qualité de l’environnement du club, participent à leur manière à préserver le site.
L’exemple du TC Cœur de Sologne inspire aussi au-delà de ses frontières. Les échanges avec d’autres clubs ont mené à la création d’une commission développement durable au sein de la Ligue. Ensemble, ils expérimentent de nouvelles solutions, comme le repressurisateur de balles, qui triple la durée de vie d’une balle et réduit ainsi les coûts des associations. “C’est une problématique qui touche toutes les associations. On essaie de trouver des solutions sur le long terme”, indique Jean-Christophe Dupont.
L’avenir se dessine déjà. Le club réfléchit à équiper ses infrastructures de panneaux photovoltaïques, à couvrir certains terrains de beach tennis ou encore à optimiser la récupération d’eau grâce à sa cuve enterrée de 20 m³. L’idée reste simple : intégrer la logique durable dans chaque geste du quotidien, sans céder à la surconsommation. “On essaie d’insérer un peu de développement durable sur chaque action. L’objectif, c’est d’éviter de consommer à outrance et de s’assurer que ce qu’on fait puisse durer sur plusieurs années”, développe-t-il.
L’ambition n’est pas de se draper de labels, mais de construire pas à pas une pratique sportive qui conjugue performance, plaisir et respect de l’environnement.
En quelques années seulement, le TC Cœur de Sologne a transformé son terrain de jeu en véritable terrain d’expérimentation écologique. Ici, chaque balle, chaque gobelet, chaque déchet devient l’occasion de réfléchir différemment.
L’Open de France de Beach Tennis, vitrine de cette ambition, prouve qu’un événement sportif peut rassembler, sensibiliser et innover sans sacrifier l’environnement. Derrière les filets et les terrains de sable, c’est un état d’esprit qui s’impose : celui d’un club qui ne se contente pas de pratiquer le tennis, mais qui choisit de jouer un rôle actif dans la transition écologique.